AYE, J'AI TROUVE (EN BREF)
Les copains,
un jour j'ai dit : "je cherche un nouveau job". Je l'ai écrit aussi.
Et tu t'es dit : "cool, ça c'est trop cool comme projet".
Alors j'ai cherché.
J'ai rencontré Marie-Corinne, la DRH de la boîte d'à côté.
Je lui ai dit : "je cherche un job".
Elle a dit : " Pourquoi?".
Là, j'ai dit : "Parce que je m'emmerde dans le mien et que je me suis pris une branlée par mon chef - il a piqué dans la caisse des Handicapés, j'ai pas aimé et je lui ai dit. Il a pas aimé que je le lui dise." Non en vrai, j'ai dit : " Je cherche un nouveau challenge".
Marie-Corinne a dit : " Génial".
J'ai dit :"Merci".
J'ai pris le métro, je suis rentrée.
Quinze jours après, j'étais dans la cuisine. J'épluchais des carottes pour faire une daube. Le téléphone a sonné. C'était Marie-Corinne, j'ai décroché.
Elle a dit : "Allo?"
J'ai dit : "Bonjour"
Elle a dit : " J'ai trouvé quelqu'un d'autre, désolée. Bonne chance".
J'ai dit : "OK, salope". J'ai raccroché. J'ai ébouillanté les carottes. J'étais triste.
Après, j'ai rencontré Patrick-Franck, le DRH d'une autre boîte d'à côté.
Je lui ai dit : "je cherche un job".
Il a dit : "Pourquoi?"
Là, j'ai dit : "Parce que je m'emmerde dans le mien et que je me dis que je suis pas encore assez moisie pour m'emmerder au boulot. C'est tout". Non, en vrai j'ai dit : "Le poste s'inscrit dans la nouvelle dynamique que je souhaite impulser à mon parcours professionnel."
Patrick-Franck a dit : " Trop forte".
J'ai dit : "Merci".
Il a dit : "A bientôt, je vous recontacte sous huitaine".
J'ai pris l'ascenseur, j'ai quitté la Tour. J'ai marché. Je suis rentrée dans ma Tour. C'était midi alors je suis allée à la cantine. J'ai pris de la daube et un yaourt 0% en dessert.
Un mois après, j'avais toujours pas de nouvelles. Alors, j'ai écrit un Email.
J'ai dit : "Etes-vous toujours intéressé par ma candidature s'il vous plait?"
J'ai appuyé sur "envoyé", le message est parti.
J'ai pris un gobelet en plastique et une dosette. J'ai bu un café en matant le site "Voyages Privés". J'ai cliqué sur "Crète" puis j'ai annulé.
Une semaine après, Patrick-Franck a envoyé un Email.
Il a dit : "Oui".
Quinze jours après, le téléphone a sonné. J'ai décroché.
J'ai dit : "Allo?"
C'était Patrick-Franck.
Il a dit : "Allo, j'ai trouvé quelqu'un d'autre. On garde le contact. Salut."
J'ai dit : "Putain-fais chier. Salut."
Six mois après, j'ai parlé à mon chef. C'était dans son bureau. J'avais la lumière du jour dans les yeux, ça faisait gestapo.
Je lui ai dit : " je veux le job de Rachel qui se barre. Je tuerais le cochon d'Inde de la voisine pour ça".
Il a dit : "Fume".
Là, j'ai dit : "Pourquoi?"
Il a dit : "T'es cramée avec le pédégé. Le courant passe pas".
J'ai dit : "Merde???".
Il a dit : "Oui".
J'ai pleuré. J'ai fait prrrrrrr dans mon kleenex. Il m'a filé un verre d'eau. On a parlé de la météo.
J'ai marché dans le couloir. J'ai fait prrrrrrr dans les WC. J'ai rebu un verre d'eau, puis un autre. J'ai refait prrrrrrr dans les WC. Je me suis barrée dans le métro. J'ai fait prrrrr dans le métro et j'avais plus de kleenex. Et envie de pisser. J'étais moisie, tout juste bonne à m'emmerder au boulot.
Un mois après, le téléphone a sonné. J'étais au bord de la mer. J'étais en vacances. Je buvais du pineau, je mangeais des bulots.
C'était Patrick-Franck.
Il a dit : "J'ai un job pour toi".
J'ai dit : " Moi, j'ai un bulot et je t'emmerde. Ah ouais?"
Il a dit : "C'est le même que l'autre mais pas le même. Je te vois quand?"
J'ai dit : "Lundi".
C'était dans deux semaines. J'étais vexée alors je l'ai fait poireauter.
Mais au bout de deux jours, j'avais plus d'ongles.
Une semaine après, j'étais de retour au boulot.
J'ai parlé à mon chef. C'était dans son bureau. Il faisait nuit. On s'éclairait à la lampe posée sur le bureau, moche.
Je lui ai dit : "Je veux me casser dans la boîte d'à côté, tu peux me pistonner?"
Il m'a dit : " Ok, c'est mieux comme ça. Le pédégé peut pas te saquer. Dommage, tu bosses bien et les équipes te trouvent bonne "
J'ai dit : "Merci, dégonflé. T'aurais quand même pu me soutenir devant le pédégé."
Une semaine après, j'ai revu Patrick-Franck.
Il m'a dit : "T'es bonne. Signe là".
J'ai dit : "Merci. C'est sympa. Avec un zéro en plus en bas, tu peux compter sur moi. "
Il a dit : "OK, top là".
On s'est touché les mains.
Il a pris des gobelets et des dosettes. On a bu un café. Je me suis sentie pas moisie. J'ai eu envie de faire pipi. Les WC étaient plus grands qu'au bureau et sentaient meilleur.
Je suis sortie de la Tour. J'ai marché. C'était midi alors je suis allée à la cantine. J'ai pris du saumon avec des tagliatelles et de la sauce à l'oseille. Et de la tarte aux quetsches en dessert. Avec de la chantilly.
Le même jour, 14 heures.
Je revois mon chef.
Cette fois, c'est dans mon bureau. J'ai la lumière du jour dans le dos. Il l'a dans les yeux. La force est avec moi. Je suis Dark Vador et Maître Yoda à la fois.
Je dis : "Ayé, j'ai trouvé".
Il dit : "Félicitations".
On se lève. On marche dans le couloir. On passe devant les WC. Rien ne m'arrête. Il entre dans son bureau. Il prend deux tasses et deux capsules. Une noire et une verte foncée. Des tasses et pas des gobelets ! Je réalise qu'il m'offre un café à la machine du pédégé.
Mon chef me dit : "Et le job de mon chef, tu crois que ça m'irait bien?"
Je dis : "Oui, tu devrais le dégommer".
Il dit : "Ah oui?"
Je dis : "Sûr, mon pote. T'en as l'envergure."
Il dit : "Ah ouaiiiiis?"
Je dis : "Tu me payes un autre café, s'il te plaît?"
Y'a plein d'autres capsules à essayer.
Et puis la boîte d'à côté où je vais est dans World Company. On va pas se fâcher.
(Bref, j'en ai bavé mais je l'ai eu ce job. Et puis j'ai parodié Bref, ça m'a bien fait marrer.)