EN AVANT-GARDE, PEGGY !
En avant !
Suivez ce cavalier qui vous ouvre la voie vers la superbe collection d'art moderne de Peggy Guggenheim à Venise.
Le personnage de Peggy est, à lui seul, une oeuvre d'art.
Richissime milliardaire américaine qui hérita d'une petite fortune léguée par un papa gentleman après que celui-ci eût sombré avec le Titanic le 14 avril 1912, un verre de cognac à la main.
J'aime ce détail James Cameronien du verre de cognac. So chic.
Elle avait l'oeil, la petite Peggy. Et une libido débordante qui la conduisit dans les bras des écrivains Samuel Beckett et James Joyce, des peintres Yves Tanguy et Max Ernst et de plein d'autres encore.
La petite Peggy avait un grand nez affreux.
Pas à la Muppet Show pour autant mais son appendice la complexait énormément. Une opération de chirurgie esthétique (déjà à l'époque) ratée (bis) ne fit qu'aggraver la chose patatoïde qu'elle cacha derrière des lunettes à la Elton John. Ceci n'empêcha pas Man Ray de lui tirer le portrait et Peggy d'avoir eu, en toute chose artistique, un flair sans égal.
Elle utilisa l'essentiel de sa fortune à acquérir des oeuvres d'art contemporain de son époque (? Bientôt je vous cause d'art contemporain, promis), au rythme d'une pièce par jour.
Jalousie de ma part.
Par comparaison, mes seules collections sont constituées de chaussettes dépareillées ou de stylo publicitaires ayant plongé à mon insu dans mon sac à main. J'ai même sorti un "J'aime mon charcutier" à l'occasion d'une réunion résolument stylo Mont-Blanc, succès garanti !
Peggy, elle, a constitué une collection qui rassemble l'intégralité des courants avant-gardistes du début du XXème siècle : tous les trucs en 'isme" : cubisme, surréalisme, constructivisme etc.
Elle achetait les oeuvres de ses amants et amis.
Note de la rédaction : Les amis, je suis au regret de ne pouvoir acheter ni les dessins de vos gamins ni votre panier du stage vannerie, j'ai pas la fortune de Peggy !
Puis elle a acheté un palais, le Palazzo Venier dei Leoni pour ranger tout ce fatra.
Le Chéri a aimé et j'ai adoré.
Canapé moelleux, vue sur la lagune et tableau de Pollock à mon goût.
Dimanche 31 janvier et retour à la réalité : la machine à laver sonne la fin de ma collection de chaussettes contemporaines.
Il est 16h30, c'est l'heure de l'expo dominicale sur le tancarville du salon.
Les arts ménagers, ça c'est du contemporain !